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Bleu-Blanc-Vert-Jaune barré de Sang

(Couleurs violées)

Enfant de Centrafrique
Aux pagnes d’ailes de papillons
Blessés
Qui sont souvent des haillons poudrés
Du rouge de nos chemins
Du vert de ces collines aussi bleues
Dans le ciel laiteux soudain
Les nuages sont devenus acier
Et l’eau de Dieu a frappé.
La terre a hurlé au crépitement des balles
Des crosses nous ont tués.

Nous marchions le long des routes rouges
Vertes bleues blanches de l’asphalte
Au soleil qui dorait les cases d’argiles
A cinq heures de la rafale.
On m’appelait naguère serpent
Quand je passais sur mon vélo,
Et des yeux, des dents riaient.
Nous esquissions le pas de danse
Mais nos mains ont changé leur rythme
Et scandé ces cris : Aux cailloux !

Enfants, nos masques graves
Ont fermé leur mystère
Nos bouches clos les chansons d’alors
De leur contour ligneux
Ne sortira que la haine
Le moment venu ; pour l’heure
Palpitation des cils,
Attente des jours de deuil
Répit avant l’orage
Patience infinie du peuple noir
Sombre de ronger son frein.
Femme statue qui tend ses bras vides
De l’enfant qui disparut à Ngaragba.
Quand pourrions nous dresser le drapeau
Bleu-Blanc-Vert-Jaune barré du
Sang de la délivrance,
Centrafrique parturiente, terre ouverte
En mal d’enfant ?

Mon cœur toujours saigne des rires ensevelis de mes frères.

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