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UN INSTANT DE BONHEUR FUGACE

La vie est une mosaïque de moments, certains éphémères et d’autres qui marquent l’esprit pour toujours, où le bonheur se trouve dans les petites victoires et les plaisirs simples, des moments précieux d’un instant de bonheur fugace.

Vraiment c’était un instant de bonheur comme ce jour où mon oncle maternel me proposa d’aller à la pêche. Nos matériels réunis, nous fûmes au bord de la rivière au milieu d’une après-midi étouffante de chaleur. A l’ombre des arbres bordant le cours d’eau nous attendions que le poisson mordît. En vain. Nous changeâmes plusieurs fois d’endroits pour le même résultat. Un nuage qui tantôt n’était qu’un simple voile finement dentelé drapant une partie du ciel bleu, s’épaississant à la vitesse d’un cheval au galop le vent en poupe, vint assombrir le ciel en présage d’une grosse tempête comme il en arrivait fréquemment pendant cette saison.

– « Viens petit » avait dit mon oncle avec la sagesse d’un homme averti, « rentrons vite au village, on reviendra demain. »

Pendant qu’il emballait nos affaires, la canne à pêche que je tenais toujours à bout de bras m’échappais presque des mains irrésistiblement entrainées sous l’eau. Mon oncle vint à la rescousse. C’était un gros silure que nous avions sorti de la rivière ce jour-là. Ma tante avait employé son talent culinaire pour nous concocter de bonnes boulettes de poisson frais mélangées à la poudre de sésame torréfié, sauce gombo. C’était le bonheur.

Comme un fil tissé dans la riche tapisserie de la vie, de nos vies, chaque instant de bonheur contribue à la beauté de l’ensemble. C’est dans ces moments-là que l’on retrouve la véritable essence du bonheur, non pas dans les grandes réalisations ou les possessions matérielles, mais dans les expériences partagées, les succès modestes et la tranquillité de l’esprit.

Puissions-nous goûter à cet instant de bonheur fugace.

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Fragile

FRAGILE

C’était un trou. Un trou au travers duquel une portion du ciel bleu attira mon attention. Dans ce coin reculé de la forêt je me tenais immobile, captivé par la scène qui se déroulait devant moi. Oublié la cueillette de champignons sauvages, oublié la promenade dans la nature. Les rayons de soleil de cet après-midi d’automne filtraient à travers les feuilles créant des taches lumineuses sur le sol. Au centre de cette clairière une toile d’araignée large comme deux fois la taille d’une main occupant toute la surface du trou scintillait comme un joyau suspendu.

Et au cœur de cette toile perlée d’innombrables gouttelettes de rosée, un papillon était en lutte. Il livrait un combat désespéré pour la vie. Sa vie. Les nuances de ses ailes aux couleurs chatoyantes semblaient ternir face à la trame inflexible, créant une danse captivante entre fragilité et captivité. Chaque mouvement révélait à la fois la beauté éphémère du papillon et la cruauté silencieuse de la nature qui se déroulait sous mes yeux dans cette toile délicate mais impitoyable. Les fils collants parfaitement tissés, étaient un piège mortel qui neutralisait chaque battement d’aile. L’efficacité de cette toile qui semblait fragile était implacable. J’observai, fasciné presque hypnotisé par la beauté tragique de la scène. Le papillon était à la fois fragile et puissant, sa lutte pour la survie empreinte d’une grâce désespérée.

L’araignée, invisible dans l’ombre, attendait patiemment. Elle avait tissé sa toile avec une précision mortelle, et maintenant elle attendait sa proie. Je me demandai combien de temps le papillon pourrait tenir. Combien de battements d’ailes lui restaient avant que la soie ne l’engloutisse complètement ?

Je me sentis soudainement complice de cette tragédie. J’aurais pu intervenir, libérer le papillon de sa prison de soie. Mais je savais que c’était la nature qui suivait son cours. Et moi, sans vraiment y croire, un coup de vent fort, une brindille qui bouge, une feuille morte qui s’envole venant décrocher cette toile, un miracle peut-être ? Je ne m’arrêtais de répéter de moins en moins fort, de moins en moins convaincant ou convaincu de mes encouragements, presque implorant cet insecte comme s’il pouvait m’écouter, comprendre mon langage. Ah ! un chien, un chat aurait sans doute compris. Un oiseau peut-être, mais un papillon. « Allez vas-y sauve-toi ! Sauve-toi « Poupou-léngué » perle du vent comme sous d’autre latitude on te nomme. » La toile était un piège parfait, une œuvre d’art mortelle. Et le papillon, aussi beau soit-il, était destiné à devenir le repas de l’araignée.

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Le chasseur et son chien

Le chasseur et son chien

Un chasseur sachant chasser doit savoir chasser sans son chien de chasse.

Ce virelangue éculé m’a dans un premier temps donné du fil à retordre, causé des difficultés de prononciation, amusé dès l’instant où je le maîtrisais mieux, intrigué quant à son origine. Mais qu’en est-il d’un chien qui va chasser sans son maître ?

C’est un fait étonnant qui s’est passée dans un village où un chien est parti chasser tout seul sans son maître. Un journaliste aurait tendu un microphone au monsieur pour recueillir son témoignage, moi, ma chandelle d’inspiration étant morte je lui prête ma plume pour écrire un mot de cette histoire.

« C’était une année de disette comme je n’en ai jamais connue, -commença le propriétaire du chien -. La saison des pluies a été longue, une tempête remplaçait un ouragan, vice versa, de jour comme de nuit. Lorsque l’orage cessa enfin on avait juste le temps d’aller arracher quelques racines comestibles : ignames, tarots, maniocs. La viande de brousse notre mets favori devenait rare de même que le poisson. On ne se nourrissait que de feuilles et de racines comme je l’avais dit, heureusement agrémentées de sauterelles ou de chenilles. Une vieille femme ayant vu apparaître une termitière dans sa propre hutte en a gardé le secret afin d’en profiter toute seule.

De mes presque cinquante ans je n’ai jamais connu je le répète de saison des pluies aussi longue.

Enfin arriva la saison sèche. Celle des floraisons, des fruits dont on attendait impatiemment le murissement, de récoltes abondantes, de chasse aux gibiers de la brousse.

Cet après-midi-là je tissais mon filet de chasse comme l’araignée sa toile. Mon chien assis auprès de moi paraissait plus haut que sa taille normale. J’ai esquissé un sourire en y pensant et j’ai eu cette vague impression qu’il me l’a rendu ce sourire. Le voilà qui se couche par terre, se frotter le dos, se gratter partout pour se débarrasser de ses puces. L’instant d’après il se remet sur ses quatre pattes, se secouer bruyamment les oreilles pour chasser les mouches. Maintenant, le voilà à nouveau qui fait des ronds sur lui-même essayant d’attraper sa propre queue !

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L’aigle, la poule et ses poussins

L’aigle, la poule et ses poussins

Dans un tournant inattendu et hilarant de la saga de la basse-cour, l’aigle, connu pour sa majesté et sa grâce, se retrouva dans une situation plutôt cocasse. Loin de l’image du prédateur redoutable, notre aigle se transforma en un véritable avion de ligne pour volailles, avec à son bord une poule et son poussin en classe économique juste à côté du coin cuisine. Imaginez la scène : l’aigle, roi des cieux, avec une poule accrochée à son dos, criant « Cocorico ! » à chaque battement d’aile, et le poussin, confus, se demandant s’il s’agissait là de sa première leçon de vol. 

Pendant ce temps, les autres animaux de la ferme organisèrent des paris sur l’issue de cette bataille aérienne. Les vaches misaient sur la poule, affirmant qu’elle avait cette étincelle de détermination dans les yeux, tandis que les moutons, toujours pessimistes, bêlaient sur la victoire de l’aigle. Les cochons, quant à eux, étaient trop occupés à concocter un plan pour transformer le champ de bataille en un nouveau terrain de jeu boueux.

Le chat, témoin de la scène, se lécha les babines, non pas à cause de l’appétit, mais parce qu’il venait de réaliser qu’il pourrait avoir besoin de revoir ses techniques de chasse. Après tout, si une poule pouvait tenir tête à un aigle, que pourrait-il faire face à un adversaire aussi coriace ? Il décida de s’inscrire à des cours de self-défense pour chats, espérant secrètement qu’il n’y aurait pas de poules parmi les instructeurs.

Quant à l’écrivain qui avait ramassé une plume de la poule, il se retrouva avec une inspiration inépuisable pour une série de livres pour enfants, où les poules ne sont pas seulement des créatures de la basse-cour, mais de véritables héroïnes des airs, défendant leurs poussins contre des aigles malchanceux et des chats trop confiants. Le premier tome, intitulé « La Poule qui a Appris à Voler », devint un best-seller instantané, enseignant aux enfants partout dans le monde que, parfois, la taille ne détermine pas le courage.