Et puis je l’ai perdu de vue.
Le soleil semblait être suspendu au-dessus des arbres dans un ciel crépusculaire hésitant entre continuer sa course ou rebrousser chemin. Non ce n’est que dans la mythologie grecque qu’on peut assister à un tel fait, ou quelque part en Russie et quelques pays et contrées d’ailleurs où l’on pouvait passer d’un jour à l’autre le soleil toujours présent. Mais sous nos latitudes, le soleil se lève et se couche point c’est tout.
Tandis que je profitais donc des dernières lueurs du soir pour finir de tisser un pan de mon filet je vis apparaître à l’orée du bois environnant le village le chien gambader vers moi en poussant des jappements. Comme je semblais ne pas m’intéresser à son manège, il insista en aboyant plus fort en direction de la brousse, la langue pendante, se léchant les babines. Son museau était ensanglanté.
Foi de chasseur ! Je compris immédiatement.
Je réunissais à la hâte mon couteau et ma sagaie ainsi que mon vieux fusil calibre douze qui crachait encore le feu, quelques cartouches. Mon fidèle compagnon à quatre pattes me conduisit auprès de mon champ de café, là où j’avais mes habitudes lorsque je ne chassais point. Truffe à terre, il me mena vers un buisson. « – aies confiance, suis-moi petit de l’homme, j’ai un cadeau pour toi ! » Il y avait du sang sur l’herbe et les feuilles ; et là, dans une termitière au sol grossièrement retourné gisait une biche à moitié enfouie dans cette cachette providentielle. Du bout de sagaie je vérifiai alentour dans les feuillages, sondais l’intérieur de la cavité par précaution, poussant un peu plus loin l’examen je constatai que l’animal venait d’être abattue. Son corps était tiède.
Ce soir-là nous eûmes un diner fastueux, le reste pour les jours suivants, le chien ayant été grandement récompensé. »
Oui à présent je peux le confirmer à la lecture de ce récit, un bon chien de chasse peut chasser sans son maître-chasseur !