Sa famille réunie, l’accueillit le ventre encore vide mais perplexe devant son hilarité jubilatoire. Il leur ordonna de se réunir tous dans la case et de fermer la porte. Aussitôt dit aussitôt fait. Il sorti de sa besace la flûte et souffla. Au fur et à mesure que se déroulait sa musique magique, les assiettes se succédaient comme par enchantement. Du hors d’œuvre au dessert, rien ne manquait pour une grande ripaille qui dura une bonne partie de la nuit.
Le lendemain matin, Téré et sa femme partirent travailler dans les champs. Les enfants, profitant de l’absence de leurs parents, découvrirent la flûte magique et la montrèrent à leurs amis, la famille Tortue qui essayèrent de jouer. En dépit de plusieurs tentatives ils ne parvinrent pas à trouver le bon air. Un des enfants Tortue s’empara de l’instrument et s’enfuit.
De retour des champs, sentant la faim qui les tiraille, Téré chercha sa flûte magique. Ne la trouvant pas il se renseigna auprès de ses enfants qui lui avouèrent que les enfants Tortue l’avaient confisquée.
Une fois de plus il repartit dans la forêt, déterra des ignames et alla pour les laver au bord de l’Oubangui. Une des tubercules lui échappa des mains, et en plongeant pour la récupérer, il trouva une flûte. Rapidement il se mit à siffler l’air magique. Hélas, au lieu des mets succulents attendus, ce furent des chicottes qui s’abattirent sur lui. Cependant il entendit une voix lui livrer les secrets de l’usage de ce sacré instrument.
Fatigué, il retourna chez lui sans faire de commentaire et réunit sa famille pour diner des restes de la veille. La nuit fut paisible. Au premier chant du coq Téré réveilla sa femme pour la prévenir qu’il irait tôt travailler dans les champs. A peine avait-il tourné le dos que les enfants, irrésistiblement poussés par la curiosité, trouvèrent la flûte et voulurent en jouer. A leur tour, ils subirent le châtiment accompagné d’une voix qui leur enseigna de ne jamais toucher aux affaires des parents sans leur permission.
Ceux-ci retinrent la leçon, et à travers un mini-spectacle rapidement préparé, promirent à leurs parents qu’ils respecteraient désormais les consignes. Le plus jeune des fils Téré montra à son père une petite flûte qu’il tenait dans les mains.